Prix de la meilleure actrice au Festival international du Caire pour son rôle dans le film «Streams» de Mehdi Hmili, actuellement sur nos écrans…, Afef Ben Mahmoud se confie dans cet entretien sur ses rapports avec le personnage d’Amel qu’elle a interprété.
Qu’est-ce qui vous a attiré de prime abord dans le scénario de «Streams» avant d’interpréter le rôle d’Amel ?
Le film parle d’amour avec beaucoup de sincérité malgré tout. Il pointe également du doigt plusieurs sujets tabous d’une importance majeure. Avant de m’investir dans le rôle d’Amel, j’ai senti que je suis dans un projet qui me parle. Cependant, il était très difficile à porter mais, en même temps, il y avait une détermination chez ce personnage qui m’a séduite. Cette mère courage qui a déjà perdu un enfant et qui est prête à tout pour ne pas perdre le second. Ensuite, il s’agit d’une injustice subie par une femme et, personnellement, je ne supporte pas l’injustice. C’était très important pour moi de porter un personnage qui véhicule toutes ces valeurs. D’ailleurs, la séquence la plus dure à tourner pour moi était celle où Amel se sentant accusée injustement dans un poste de police entre dans une colère noire. C’était complètement improvisé et moi, sans me rendre compte, je me suis déchaînée sur l’homme qui m’a accusée injustement. A la fin de cette séquence, je n’avais plus de voix…
Par rapport aux rôles que vous avez interprétés auparavant, que représente pour vous le rôle d’Amel ?
Déjà c’est un grand rôle ! Et Mehdi Hmili m’a donné cet espace pour interpréter un personnage doté d’une riche palette de couleurs, qui évolue tout au long du film et qui a plusieurs facettes. Pour un acteur, c’est une immense chance qui lui offre une grande liberté. Pendant le tournage, Mehdi était génial… Il faisait confiance à ses acteurs. Il faut dire que nous avons beaucoup travaillé ensemble en préproduction et, lorsqu’on est arrivé au tournage, nous étions sur la même longueur d’onde.
C’est aussi un rôle qui vous a valu le prix de la meilleure actrice au Festival international du Caire…
C’est une forme de reconnaissance qui est importante pour moi. C’est un prix qui n’était pas évident. Il est décerné à un seul acteur ou actrice sur 14 films.
Ça ne vous donne pas le droit à l’erreur dorénavant…
Que ce soit pour ce rôle, ou pour un autre, il s’agit pour moi d’un parcours de choix. Aujourd’hui, j’ai donné quelque chose et je dois être fidèle à ce que j’ai donné. En effet, il faut respecter le but que je viens d’atteindre et rester au niveau.
Quelle est votre opinion sur la jeune génération de réalisateurs arabes dont Mehdi Hmili fait partie d’ailleurs…
Il y a un renouveau certain et un nouveau regard qui nous ressemble quelque part.
En Tunisie, nous avons eu la chance d’avoir de grands réalisateurs qui ont ouvert les portes. Ensuite, il y a eu un creux pendant une décennie. Mais, aujourd’hui, nous assistons à la naissance d’un nouveau souffle, nourri par les nouvelles technologies de communications et l’accès des jeunes à la formation cinématographique… Tout cela se voit dans les films.